C’est à la fin de 2020 que j’ai reçu un courriel de Jean-François, le fils de Jean. Il me racontait que son père était malade : il combattait un cancer du côlon. En jasant avec lui durant les derniers mois, il avait senti son désir d’aimer, de s’émerveiller et de s’amuser plus présent que jamais. De plus, il avait décelé qu’il aimerait peut-être transmettre par écrit son histoire et sa passion pour la vie. Il m’a donc contactée pour me demander s’il m’arrivait encore d’écrire pour d’autres. Son intention était simple : inviter son père à communiquer avec moi pour discuter d’un projet d’écriture. C’était un cadeau que Jean-François et son frère voulaient offrir à leur père.

Je reçois énormément de demandes d’écriture. Bien que chaque personne ait une belle histoire, puisque l’écriture exige beaucoup de temps, je refuse presque toutes les requêtes spontanément. Sans que je puisse l’expliquer, même si je ne connaissais pas l’histoire de vie de Jean, j’avais le sentiment que je serais touchée. La demande des fils pour leur père, ce que j’avais perçu de cet homme dans les quelques circonstances où je l’avais croisé, sa maladie… même si mes motifs n’étaient pas précis, je sentais que je devais au moins l’écouter.

Puis, après un court appel, devant son intention claire, je ne pouvais qu’acquiescer. Un vrai entrepreneur… Alors que j’essayais de préciser le processus, le comment et le contenu, il n’avait qu’une phrase : on commence quand ? Est-ce que le temps pressait?